L'autisme (TSA)

Mais c'est quoi ? 

Le Troubles du Spectre de l’Autisme (TSA) est un trouble neurodéveloppemental qui modifient la structure et le fonctionnement du cerveau dès l’enfance. Cela peut sembler complexe, mais en clair, ce terme regroupe toutes les formes d’autisme, autrefois différenciées comme le syndrome d’Asperger ou l’autisme dit "de haut niveau". Aujourd’hui, ces distinctions ont disparu pour refléter la diversité des situations. Certaines personnes autistes auront besoin de beaucoup d’aide au quotidien, tandis que d’autres seront très autonomes - c'est sur ce critère que le TSA est différencié actuellement, en "degré d'aide nécessaire".

Le TSA est donc une "spectrum" qui s’adapte à chaque réalité individuelle - c'est pour cela que chaque personne autiste est différente.
Pour mieux comprendre, il faut déjà connaitre la notion de neurodiversité. Vous avez peut-être déjà entendu parler des "neurotypiques" et "neuroatypiques" ? 

Contrairement aux cerveaux dits neurotypiques, celui des personnes autistes est organisé différemment, avec des connexions entre les neurones (cellules du cerveau) et des processus cognitifs distincts. Cette construction neuronale particulière modifie la manière dont une personne perçoit, traite et réagit aux informations, ce qui peut entraîner des différences dans les interactions sociales, la communication et les comportements. 

C'est dans les neuroatypies que l'on retrouve les personnes avec :

• un TSA (Trouble du Spectre Autistique)
  
• un TDA-H(Trouble du Déficit de l’Attention avec ou sans Hyperactivité)
• un HPI (Haut Potentiel Intellectuel) ou un retard mental
  
• des troubles DYS (dyslexie, dyspraxie, dysorthographie, etc.) 
• de l'hypersensibilité (ou haute sensibilité)

On ne connaît pas une seule cause précise, mais les recherches montrent que le TSA serait lié à des facteurs génétiques et biologiques. En clair, certaines modifications dans les gènes peuvent influencer le développement du cerveau. Il s'agit donc de véritables différences neurologiques. Ces modifications ne sont pas causées par l’éducation des parents, ni par les vaccins (cette idée fausse a été largement démentie par la science).

Des facteurs comme l’âge avancé des parents ou certaines complications pendant la grossesse peuvent augmenter légèrement le risque. Cependant, personne n’est responsable : c’est une combinaison complexe de facteurs qui échappe au contrôle - et je pense que nous avons encore beaucoup de choses à découvrir sur le sujet.

Avant d’aborder les "symptômes", il est essentiel de comprendre la notion de "spectre" : parce que les personnes autistes partagent certaines caractéristiques communes, mais chacune est unique dans sa manière d’être et de fonctionner. C’est pourquoi on parle de "spectre". Comme on le dit souvent : "Rencontrer une personne autiste, c’est n’avoir rencontré qu’une seule personne autiste."

Souvent, quand on parle d'autisme, on pense à une personne mutique, vit complètement dans son monde et se tape la tête contre les murs. C'est le cas pour certaines personnes - pour d'autres, ça prendra une autre manière d’interagir et de vivre sa réalité.

Ces symptômes varient en intensité et peuvent évoluer avec l'âge, avec des stratégies de compensation ou d’adaptation. Pour chaque personne, les petites coccinelles (curseurs) se poseront à différents points sur les sections, amenant à des spécificités de fonctionnement qui seront propres à chaque individu. 

Comme mentionné précédemment, chaque personne autiste présente des particularités propres au sein du spectre. Certaines fonctions peuvent être similaires à celles d’un cerveau neurotypique, mais elles peuvent être influencées par les circonstances. Par exemple : "J'ai du mal à nouer mes lacets (capacités motrices), mais je peux parler présenter mon cours de philosophie sans problème (langage)."

Les signes du TSA se manifestent souvent avant l’âge de 3 ans, mais peuvent être plus difficiles à détecter chez les adultes, car ceux-ci ont appris à compenser leurs difficultés sociales et de communication avec le temps. Chez les enfants, les symptômes sont plus évidents car leurs compétences sociales et de communication ne sont pas encore pleinement développées.

En outre, les symptômes peuvent se manifester différemment selon les expériences de vie et l’environnement. Les manifestations étant très variées, c’est pourquoi on parle de "spectre" autistique.

L’autisme se manifeste différemment chez les hommes et les femmes, en grande partie à cause des attentes sociales liées au genre. Ces différences varient d’une personne à l’autre, mais elles montrent souvent comment les traits autistiques se mêlent aux normes sociales et culturelles. Chez les femmes, les symptômes peuvent être moins visibles ou masqués par des comportements de camouflage, ce qui rend le diagnostic plus difficile.

Pour améliorer la reconnaissance de l’autisme chez les femmes, il est essentiel que les outils de diagnostic et les sensibilisations évoluent pour mieux prendre en compte leurs spécificités. Un diagnostic précoce permettrait un meilleur accompagnement et une meilleure qualité de vie.

Sous-diagnostic des femmes

Les femmes sont souvent diagnostiquées plus tard que les hommes, parfois même à l’âge adulte. Cela est dû au fait que les critères de diagnostic ont été conçus principalement sur des études masculines.

1. • Les symptômes des femmes sont souvent plus subtils ou cachés, ce qui complique leur détection.
   • Les femmes autistes sont parfois mal diagnostiquées avec des troubles comme l’anxiété, la dépression ou des troubles alimentaires.
     

Mais pourquoi ?​

1. Le camouflage social

Les femmes ont une meilleure capacité de « camouflage » : elles apprennent très tôt à imiter les comportements sociaux acceptés pour s’intégrer (ex. observer les autres, copier leurs expressions faciales ou leurs manières de parler). Ce camouflage peut épuiser mentalement et émotionnellement, pouvant conduire à un "burn-out autistique" ou à des troubles psychologiques (dépression, troubles alimentaires, anxiété et angoisses, etc.).

Conséquences du camouflage :

• Moins de comportements typiques (comme les intérêts restreints ou répétitifs) sont visibles.
• Cela peut retarder le diagnostic, car les traits "classiques" de l’autisme sont moins évidents.

2. Les intérêts spécifiques

Chez les hommes :

• Ils ont souvent des intérêts spécifiques jugés "atypiques" ou "techniques" (comme les trains, les mathématiques, la technologie, etc.), qui sont plus facilement identifiables.

Chez les femmes :

• L'intensité ou la profondeur des intérêts spécifiques peut être sous-estimée parce qu'ils ressemblent à ceux des neurotypiques, ou alors sont mieux acceptés socialement et/ou moins visibles (ex. une passion pour les animaux, les livres, un film ou un sujet très détaillé mais perçu comme « normal », comme des origamis ou du crochet).

3. Les interactions sociales

Chez les femmes :

• Elles sont souvent décrites comme plus sociables ou désireuses de se connecter aux autres, mais elles peuvent éprouver des difficultés à maintenir ces relations sur le long terme.
• Une femme autiste peut avoir une ou deux amitiés très proches, mais trouver les relations en groupe épuisantes.
• Elles sont davantage confrontées à l’anxiété sociale ou au besoin de perfectionnisme dans leurs interactions.

Chez les hommes :

• Ils ont généralement plus de difficultés à initier ou maintenir des relations sociales, ce qui les rend plus rapidement identifiables.
• Ils peuvent avoir une attitude plus directe ou sembler indifférents aux conventions sociales.

4. Sensibilité sensorielle

Chez les femmes :

• Une sensibilité sensorielle élevée est souvent signalée, mais elle est parfois mieux dissimulée.
• Elles peuvent exprimer une gêne accrue face à certains tissus, lumières, sons ou textures alimentaires.

Chez les hommes :

• Les sensibilités sensorielles peuvent se manifester de façon plus visible, par exemple en évitant activement certaines situations ou en ayant des comportements stéréotypés pour se calmer.

5. Symptômes comorbides

Les femmes autistes présentent souvent plus de troubles associés (comorbidités) qui peuvent compliquer la pose de diagnostic :

Chez les hommes :

• Déficit d’attention avec hyperactivité (TDAH), troubles obsessionnels compulsifs (TOC).

Chez les femmes :

• Anxiété, dépression, troubles alimentaires (notamment l'anorexie).
• Hyper-empathie ou hypersensibilité émotionnelle, parfois difficile à gérer.

6. Perception sociale et stéréotypes

Stéréotypes de genre :

• Les traits autistiques chez les femmes sont souvent interprétés comme de la timidité, de l’introversion ou une maladresse sociale, et non comme des signes d’autisme.
• Les comportements répétitifs ou intérêts spécifiques peuvent être perçus comme « normaux » chez les filles, tandis qu’ils sont vus comme plus atypiques chez les garçons.

Impact sur la reconnaissance de l’autisme :

• Les attentes sociales envers les femmes (être empathiques, sociables, organisées) créent une pression supplémentaire et peuvent masquer l’autisme.

7. Vécu émotionnel

Chez les femmes :

• Une tendance à internaliser leurs émotions (anxiété, honte, perfectionnisme).
• Sensibilité accrue au rejet ou à l’échec.
• Elles peuvent se montrer extrêmement soucieuses des attentes des autres, au point de s’oublier elles-mêmes.

Chez les hommes :

• Les hommes autistes extériorisent davantage leurs émotions, ce qui peut se traduire par des colères ou des comportements plus visibles.

Dans notre société, la diversité est souvent mal comprise. Les personnes autistes sont parfois perçues comme « bizarres » ou « difficiles », alors qu’elles ont simplement une manière différente de voir le monde. Monde dans lequel les stimuli sensoriels et les attentes sociales continuent d'augmenter, rendant l'adaptation difficile et énergivore.

Avec le diagnostic et les sensibilisations qui augmentent, la société commence à mieux reconnaître les besoins des personnes autistes. Mais il reste du chemin à parcourir : les écoles, les entreprises et même les interactions du quotidien ne sont pas toujours adaptées.

Chez les adultes, les difficultés sont parfois invisibles. Beaucoup passent des années sans diagnostic, pensant qu’ils sont juste « maladroits » ou « différents ». Cela peut conduire à de l’anxiété, des dépressions voire des états d'épuisement, souvent par manque de compréhension et d’accompagnement.

Pourtant, l'autisme révèle des capacités exceptionnelles ...

Personnellement, j'aime à penser que les personnes ayant un autisme sont comme les X-mens. Leur différence est une source de grande force, mais elle peut aussi devenir une vulnérabilité. Et lorsqu'un.e autiste évolue dans un environnement sécurisant qui lui permet de laisser exprimer son plein potentiel, c'est d'une puissance infinie. Voici une liste non exhaustive des forces souvent observées chez les personnes autistes :

En conclusion

L’autisme n’est pas une maladie, mais une différence. Et dans la Nature, la différence est une force. Avec une meilleure compréhension et des adaptations, les personnes autistes peuvent s’épanouir pleinement. Cela demande juste à changer de vision. 

Nous vivons dans un monde emplit de contrainte et c'est pour cela que l'autisme est devenu un "trouble" - parce que le fonctionnement et la sensibilité de certain.e.s n'est pas adapté ni adaptable à celui qui nous est imposé. C'est donc une merveilleuse opportunité pour enrichir la diversité dans ce monde, car la vision des personnes autistes apporte des perspectives uniques et précieuses. En valorisant leurs points forts, nous créons une société plus inclusive, où chacun.e peut s'épanouir pleinement.

Voici quelques pistes pour soutenir une personne autiste, qu’elle soit enfant ou adulte. Cependant, je les conseille des les appliquer à tout le monde : parce que nous n'avons pas besoin d'être autiste pour avoir besoin de douceur et de clarté.

1. Comprendre et respecter ses besoins 

• Apprenez à reconnaître les éléments stressants (bruits, changements, sollicitation sociale) et trouvez des solutions ensemble.
• Acceptez ses intérêts spécifiques, même s’ils vous semblent inhabituels - discutez ensemble où se trouve la limite et comment gérer lorsqu'elle est atteinte (ex: repli complet, oubli de manger, de dormir, etc.).
  

2. Favoriser une communication adaptée 

• Parlez clairement et évitez les phrases compliquées. Donner des consignes simples et claires.
  
• Laissez du temps pour répondre, sans pression.
• N'hésitez pas à structurer le cadre, avec des éléments visuels (tableau, planning avec des tâches claires, etc.).
  

3. Créer un environnement rassurant 

• Les routines peuvent aider les enfants à se sentir en sécurité, mais c'est le cas aussi pour certain.e.s adultes.
  
• Pour les adultes, un espace de travail calme ou des pauses régulières peuvent faire une grande différence, tout comme la non-obligation de sociabiliser (par exemple : la pause café). 
• Vous pouvez créer un espace "bulle" - un endroit où la personne peut s'isoler du monde extérieur pour récupérer son énergie. Je vous conseille de la rendre la plus agréable possible sensoriellement, que cela puisse être un véritable cocon. J'en parle plus en détail dans la session suivante "Ressources et confort sensoriel".
  

4. Proposer un accompagnement spécialisé 

• La thérapie comportementale et éducative (comme l’ABA ou le TEACCH) peut aider les enfants à développer leurs compétences.
• Les adultes peuvent bénéficier de groupes de soutien ou de formations pour mieux gérer les interactions sociales et professionnelles. En Valais, l'association Eliézer permet des points rencontres ainsi que des groupes de paroles.
  

Voici une liste d’outils et de ressources pour améliorer le confort sensoriel, utiles pour les personnes autistes, hypersensibles ou simplement pour ceux qui cherchent un environnement plus apaisant. 

Ces outils visent à réduire les surcharges sensorielles ou à procurer un apaisement en fonction des besoins spécifiques de chaque individu - c'est pour cela que je vous encourage a expérimenter ce qui vous convient ou non.

Prenez soin de vous :) 

Maëlle