Le burn-out

Le burn-out. 
Appelé le "mal du siècle", il peut toucher n'importe qui et avoir de graves répercussions, autant professionnelles que personnelles. Dans un monde qui tourne de plus en plus vite, il est nécessaire de pouvoir reconnaître ce trouble afin de pouvoir apprendre à reconnaître, agir et prévenir.

A l'heure où j'écris cet article, ce trouble n'est pas encore classifié dans les maladies psychiatriques. Pourtant, ses symptômes et ses causes sont connues, tout comme les outils pour s'en sortir - c'est ce que je souhaite vous partager à travers cet article.

Je tiens à rappeler que nous sommes tous uniques et en constante évolution, chacun possédant sa propre personnalité et son vécu. 

La pose d'un diagnostic médical est une démarche qui peut amener des émotions très fortes et être un véritable chemin en Soi. Cela peut prendre du temps, devrait être évoqué avec prudence et réévalué régulièrement. 

Si vous avez un doute ou une suspicion, discutez-en avec votre médecin. 

Mais c'est quoi ? 

Le burn-out, aussi appelé "syndrome d'épuisement professionnel", est la réponse de l'organisme face à un stress qui perdure et qui n'est pas traité. Il est généralement relié à la sphère professionnelle mais peut toucher toutes les sphères de la vie (personnelle, professionnelle, familiale, affective, financière, etc.). Il suffit que plusieurs éléments s'accumulent et perdurent pour que les dégâts s'installent. 

Il va avoir des répercussions physiologiques (du corps) et psychiques (de l'esprit). Il faut retenir aussi qu'il s'agit d'un processus qui s’installe - ce n'est pas quelque chose qui nous tombe sur le coin du museau sans prévenir. Non. Il y a des signes avant-coureurs, ce qui le rend prévisible et possiblement évitable.


Besoin de réapprendre à ralentir

« Aujourd’hui, le burn-out est en train de devenir une véritable épidémie dans de nombreux pays du globe. Nous ne sommes pas en cause, c’est le monde et la nature du travail qui ont fondamentalement changé. L’univers professionnel – que ce soit l’entreprise, l’hôpital, l’école ou les services publics – est devenu froid, hostile et exigeant, sur le plan tant économique que psychologique. Les individus sont émotionnellement, physiquement et spirituellement épuisés. Les exigences quotidiennes liées au travail, à la famille et à tout le reste ont fini par éroder leur énergie et leur enthousiasme. La joie de la réussite et la satisfaction d’avoir rempli ses objectifs sont de plus en plus difficiles à atteindre, et le dévouement et l’engagement professionnels sont en train de disparaître. Les gens deviennent cyniques, ils gardent leurs distances, essayant de ne pas trop s’impliquer. »

"Burn-out : des solutions pour se préserver et agir", p. 19, 
Christina Maslach et Michael P. Leiter

L'exemple de Maria

Pour mieux comprendre, prenons un exemple, celui de Maria (exemple sorti de mon imagination, tout lien avec une situation réelle est complètement fortuit).

Maria travaille dans une supérette depuis 5 ans. Elle s'y plait bien, ses collègues sont sympathiques et il y règne une bonne ambiance. C'est une personne douce et appliquée qui a toujours bien travaillé. Elle vit en concubinage avec le père de ses trois enfants et possède quelques ami.e.s. sur qui elle peut compter.

Au fil des années, la charge de travail a commencé à augmenter. Ça s'est passé si progressivement que Maria a mis du temps à le remarquer. Les horaires ont été changés, nécessitant de finir plus tard. Certains collègues sont partis et n'ont jamais été remplacés, faute de budget suffisant... La charge augmente, les ressources diminuent. Les employés restants sont "encouragés" à mettre les bouchées double pour continuer à faire tourner la boutique avec la même efficacité qu'auparavant. 
Du côté personnel, un des enfants de Maria commence à avoir des soucis de comportements et de santé, ce qui l'inquiète. Sa charge mentale augmente avec les rendez-vous à prendre,  tout comme l'impact émotionnel.




Maria va commencer à sentir un des premiers signes : la fatigue. Une fatigue psychologique et mentale qui influence sa vitalité et sa forme physique. Elle a de la difficulté à se lever le matin, n'a plus de motivation pour aller au travail et sent que l'énergie lui manque pour gérer son quotidien, même en dehors de la sphère professionnelle. Elle commence à avoir mal au dos et à se sentir angoissée, mais impossible de s'arrêter : elle a besoin d'argent pour vivre et elle ne veut pas rajouter une charge supplémentaire à ses collègues - en tout cas, c'est ce qu'elle se dit. Donc elle tient bon. Elle lutte contre cette fatigue et va piocher dans ses ressources personnelles pour mener à bien ce que l'on attend d'elle. Elle va vider son capital énergie jusqu'à se sentir comme vidée, "au bout du rouleau"... 

Mais l'organisme n'est pas fait pour tenir sur la réserve aussi longtemps. Maria commence à perdre espoir en voyant que ses "batteries" ne se rechargent plus et là s'installe l’appréhension de retourner au travail. Rien que l'idée d'y retourner l'angoisse et la stress, jusqu'à devenir insupportable. 
Nous sommes arrivé à l'épuisement émotionnel, qui représente la dimension "stress" du burn-out. 

Si la situation perdure, elle débouche sur le deuxième stade : l'état de dépersonnalisation. Le cerveau de Maria va chercher à la protéger, afin de lui faire conserver le maximum d'énergie et éviter le superflu. Il va donc mettre en place une barrière émotionnelle qui va la détacher des autres - que ça soit ses collègues, les clients... ou même ses proches. Elle est parfois irritable, avec une attitude négative qu'elle va essayer de masquer encore quelques temps, mais avec de plus en plus de difficultés. Cela va impacter ses relations tout autour d'elle. 
La dépersonnalisation correspond à la dimension "interpersonnelle", elle touche notre rapport aux autres. C'est pourquoi il arrive que certaines personnes soient tellement détachées face aux autres qu'elles finissent par les traiter comme des objets, loin de toute émotion et affect. Le cerveau se protège comme il peut.

Maria a essayé de mettre des choses en place pour se sentir mieux mais malheureusement, tous ses efforts sont réduits à néant car la situation sur son lieu de travail n'a pas évolué et que l'énergie lui manque. Elle a atteint le dernier stade du burn-out : une période sombre qui se rapproche d'un état dépressif. Elle atteint la dimension de "l'auto-évaluation", c'est à dire le regard qu'elle porte sur elle-même. 
Son état d'épuisement va assombrir la vision qu'elle a d'elle-même, lui donnant l'impression de ne rien réussir à accomplir, d'être nulle, incapable... Son estime de soi plonge dangereusement et elle perd confiance sur ses capacités, culpabilisant de ne pas réussir à faire davantage. Cette souffrance créé une baisse de moral importante et une incapacité à faire face aux obligations professionnelles et personnelles, renforçant son impression d'inutilité. 


Donc si nous résumons de manière plus schématique l'installation du burn-out :

Phase 1

La dimension "stress"

- affecte notre réponses aux obligations et exigences

État de fatigue psychologique, absence d'énergie émotionnelle et perte de vitalité physique. Diminution progressive mais inéluctable des ressources personnelles.

Phase 2

La dimension "interpersonnelle"

- touche les relations avec les autres

Dépersonnalisation, attitude négative et détachée envers les autres, mécanisme de défense personnelle, perte d'idéalisme. 

Phase 3

La dimension "d’auto-évaluation"

- dégrade notre manière de se percevoir

Perte de sens, d'estime et de confiance en soi, regard négatif et dévalorisant. Incapacité à faire face aux obligations.

Si Maria continue sur sa lancée, elle pourra arriver à une phase d'effondrement important, avec une aggravation des symptômes. Que ça soit le corps, l'esprit ou les deux, quelque chose finira pas craquer - à ce rythme, ce n'est qu'une question de temps.

Beaucoup d'entre nous sommes dans la situation de Maria, coincé.e.s dans un système qui n'encourage pas l'écoute de soi, à se dire que nous n'avons pas le choix. C'est le piège du burn-out : nous sommes tellement pris dans le tourbillon des obligations et des choses à faire qu'il nous est difficile de marquer un temps d'arrêt, de ralentir et prendre du recul. Tout nous paraît urgent, prioritaire, nécessitant notre pleine attention constamment.

C'est une triste réalité, mais actuellement, le système d'économie ne cherche pas à fabriquer des produits de qualité ni à encourager des valeurs humanistes et respectueuses. Il ne garde qu'une préoccupation principale : générer du profil, et ce au détriment de la santé physique et mentale des gens qui le font tourner. On observe donc un décalage s’installer entre les individus et les exigences du travail. 
L'humain est relégué au second rang. Il devient un rouage considéré comme remplaçable, victime d'un système mal huilé jamais satisfait. Et les coûts (que ça soit humains ou financiers) sont colossaux. 


Et tout ça, c'est sans compter le stress en dehors du travail. Que ça soit l'incertitude de l'avenir, les tensions dans le monde, la souffrance de nos proches ou les événements "surprises" de la vie,  l'environnement dans lequel nous évoluons peut être dur. C'est pourquoi je pense qu'il est vital de remettre de la douceur, du calme et de l'écoute.

Je vous parle en tant que professionnelle, mais aussi par expérience personnelle. Mon premier burn-out a mis du temps à s'installer et je ne peux que comprendre la difficulté de lever le pied quand on n'en a pas l'habitude. Je suis tombée dans le piège : j'ai essayé de me relever très (trop) vite et le deuxième épuisement est arrivé rapidement - la fatigue restait trop grande et les mécanismes de compensations, trop énergivores.
Mais depuis le début, j'étais persuadée que ça allait m'apporter quelque chose de positif, même si je ne le voyais pas encore. Même si c'était douloureux et pénible. 

J'ai eu la chance d'être très bien encadrée et soutenue au niveau professionnel - je suis consciente que ce n'est pas le cas pour tout le monde et j'envoie plein de forces à ceux qui font face à une autorité institutionnelle moins compréhensive. 
Pourtant, ça ne veut pas dire que l'individu n'a aucun pouvoir - au contraire. Apprendre à ralentir. A aller moins vite. A cibler mes priorités. Comprendre ses besoins. Poser ses limites...
Tout ça, personne ne pourra le faire à votre place. 

Pour ma part, il a fallu mon deuxième burn-out pour ouvrir les yeux : le rythme dans lequel je vivais ne me convenais pas. Mes valeurs n'étaient plus en adéquation. Mes priorités devaient changer. 
Finalement, j'ai vu le burn-out comme une occasion - celle d'avancer en accord avec mes besoins, mes valeurs et mes limites. L'occasion de mettre de l'ordre dans ma vie, faire le tri entre ce que je souhaitais faire et être, et ce que je ne voulais plus.

La sur-stimulation incessante autour de moi avait fini par provoquer un stress constant et permanent et je sais que je ne suis pas la seule dans cette situation. Si nous ne prenons pas le temps de ralentir volontairement et de prendre du recul, nous risquons de manquer les signaux d'alarme et de (re)foncer dans le mur.

Cette croyance sur le burn-out m'a aidé : le voir comme un allié pour me permettre de m'arrêter et de prendre du recul pour mieux avancer (même si c'est difficile à voir sur le moment).

Symptômes 

Lors du burn-out, le corps et le mental sont poussés dans leur dernier retranchement, jusqu'à ce qu'il ne reste plus une goutte d'énergie.

Cet épuisement peut même amener à un épisode dépressif, léger à sévère, avec un sentiment d'inutilité, du désespoir, une attitude négative, une attitude pessimiste face à l'avenir, des pensées ou actes suicidaires...

Lorsque le corps craque, il ne répond plus - c'est pourquoi certaines personnes n'arrivent même plus à sortir du lit. Il ne s'agit pas d'un manque de volonté, le corps n'a tout simplement plus du tout d'énergie. Les batteries sont à plat.

Je vous ai mis ci-dessous une liste de symptômes que l'on peut retrouver, de manière plus ou moins marquée.

Cet article n'a pas la prétention de poser un diagnostic médical - si vous vous reconnaissez dans les symptômes décrits, discutez-en avec votre médecin. Une évaluation par un professionnel est nécessaire pour écarter d'autres pistes éventuelles.

Cognitifs et affectifs

  • Épuisement psychique
  •  Instabilité émotionnelle
  • Incapacité à se déconnecter
  • Anxiété, panique
  • Hypersensibilité
  • Pessimisme
  • Incertitude et indécision
  • Démotivation
  • Cynisme
  • Manque de concentration, de l'attention et de la capacité de penser
  • Isolement et détachement émotionnel
  • Image négative de soi, dévalorisation
  • Culpabilité
  • ...

Physiologiques

  • Trouble du sommeil
  • Incapacité à se reposer et à récupérer
  • Fatigue chronique
  • Insomnies
  • Douleurs diffuses chroniques
  • Troubles digestifs
  • Vulnérabilité accrue aux infections
  • Sensation d'être abattu.e physiquement
  • ...

Comportementaux

  • Baisse marquée de productivité et de l'efficacité
  • Augmentation de l’abus de substances toxiques (ex : alcool, drogue) et des comportements dépendants
  • Irritabilité, agressivité
  • Impulsivité
  • Repli sur soi
  • Tendance à négliger la vie personnelle (famille, ami.e.s, loisirs) au profil du travail ou de l'épuisement
  • Sentiment d'être à "fleur de peau"
  • ...

Les causes

La société dans laquelle nous évoluons a tendance à nous faire croire que, si burn-out il y a, c'est à cause de l'individu. Ce dernier serait défaillant, faible, mal-adapté. En gros, responsable de ce qui lui arrive - c'est aussi ce que pense beaucoup de personnes touchées, aggravant un grand sentiment de culpabilité et de perte de confiance en soi. 

Mais je ne suis pas d'accord. A mes yeux, nous vivons dans une société dysfonctionnelle et maltraitante - nous arrivons au bout de l'article, je pense que vous avez compris mon avis sur la question. Alors je pose cette réflexion :

Être malade dans une société malade, n'est-ce finalement pas un signe d'être sain d'esprit ? 


Causes individuelles

Premièrement, il est vrai qu'il existe des profils vulnérables, plus facilement touchés. Les personnes de caractère perfectionniste et impliquées dans leur travail, par exemple - parce que ce genre de profil va continuer à travailler envers et contre tout, sans forcément déléguer, pour "bien faire leur travail". Il existe également d'autres facteurs de risque personnels qui peuvent rendre le terrain plus favorable au burn-out : prédisposition génétique ou héréditaire, vécu, manque de confiance en soi ou peur du conflit, difficulté à prendre de la distance, attitude contrôlante, sentiment de justice marqué, antécédents de burn-out, etc. 
C'est pourquoi une bonne connaissance de soi, de ses forces et de ses limites restent la base pour comprendre comment nous fonctionnons - et donc limiter les risques et voir les signaux d'alarme.

Causes environnementales

Deuxièmement, c'est trop facile de tout ramener à l'individu : le système a aussi son lot de responsabilité
Le burn-out n'est pas un problème banal, au contraire : c'est le baromètre d'un dysfonctionnement social important dans le monde du travail. Les causes principales viennent surtout de l'environnement, même si fragilité personnelle il y a. 
Et où passe la majorité de notre temps durant notre vie ? Dans l'activité professionnelle. Ajoutez quelques événements extérieurs dont la vie a le secret et il est facile de se sentir débordé.e.

Voici quelques exemples des facteurs aggravant la santé mentale sur le lieu de travail.

1. Surcharge de travail et complexité des tâches

Comme Maria, la charge de travail augmente et nous nous sentons surmené.e, avec l'impression de nous noyer dans un verre d'eau. Il est demandé aux gens d’aller au-delà de leurs capacités, d’effectuer la même quantité de travail en moins de temps, moins de personnel et/ou moins de ressources. Et de tenir sur la durée... Ce n'est plus du challenge. C'est de la maltraitance. 

2. Absence de contrôle et non maîtrise sur ses activités

Prenons l’exemple d’un chef tyrannique qui exercera un contrôle et une surveillance accrue sur les moindres faits et gestes de ses employé.e.s. Cette approche étroite va créer des tensions, ôtant toute originalité et liberté de penser aux personnes sous ses ordres. 

"Faire pour faire", sans possibilité d’innover, de penser et de résoudre des problèmes par soi-même va finir par créer un détachement de la personne sur le travail accompli. Elle va faire les choses de manière mécanique, suivre les ordres en se forçant parfois à ne pas trop réfléchir pour diminuer la frustration… et parfois la souffrance s’installe car le message retenu, même inconsciemment, est : « vous n’êtes pas dignes de confiance, vous n’êtes pas assez bons, nous ne respectons pas votre jugement et votre intellect. » 
Pas vraiment motivant.

3. Manque de récompenses et de reconnaissance pour les efforts fournis

Les récompenses sont importantes – elles permettent de se sentir valorisé.e et encouragé.e, relance la motivation, etc. Mais dans un monde qui se sert la ceinture et qui instaure un climat de compétition, comment ressentir de la reconnaissance pour son travail et donc pour soi-même ?

Si la joie et la satisfaction ne contrebalancent pas la charge de travail et les efforts, on créé un système frustrant et déséquilibré. 

4. Absence de soutien social et de cohésion d’équipe

Une bonne ambiance de travail est importante pour se sentir bien – ça renforce les liens, créé de la solidarité et un esprit motivant. Tout le monde a besoin de compliments, d’encouragements, d’humour et de petites attentions. L'équité va aussi avoir un grand rôle - c'est quand tout le monde est traité de la même manière, avec respect.

Donc, quand le système dans lequel nous nous trouvons favorise la compétition et l'effacement de soi au profil du rendement, les valeurs humaines disparaissent.

5. Décalage entre valeurs (individu VS entreprise)

Quand les valeurs qui nous animent s'opposent aux exigences professionnelles, le conflit d'intérêt apparaît. C'est l'usure morale qui en découle qui amène au burn-out. Aller contre ses propres valeurs pour faire prospérer une entreprise, voilà un grand dilemme. 

6. Manque de ressources ou de formation appropriés pour réaliser son travail.

Comme déjà dit plus haut : plus de travail, plus vite, moins de ressources, moins de personnel = amène forcément à moins de qualité et d'aspect humain. 

Et la société est gourmande : il en faudra toujours plus.

Les risques 

Le burn-out entraîne de grands coûts - émotionnels, sanitaires et financiers. Il met la santé en péril et peut avoir des conséquences sur le style de vie, mais aussi sur l'aptitude à se sortir de certaines situations. 


Répercussions émotionnelles

Faire un burn-out, ce n'est pas anodin. Comme vu plus haut, il est caractérisé par des symptômes divers et variés qui peuvent impacter profondément l'estime de soi ainsi que les capacités (cognitives, sociales, émotionnelles, physiques...).
Il peut également créer une souffrance, pouvant amener à des idées suicidaires, voire des passages à l'acte dans les cas de désespoir importants. Le risque d'augmentation des consommations de substances (alcool, cannabis, médicaments, etc.) pour gérer les symptômes est aussi à prendre en compte. La mise en danger est réelle et non-négligeable.

C'est un trouble qui touche également les proches car, même dans le cadre professionnel, le burn-out ne s'arrête pas aux murs des institutions. Il s'invite dans l'intimité, affecte les relations avec la famille et les amis. Les relations sociales et les contacts avec l'entourage se retrouvent donc aussi impacté.e.s.

L'estime de soi est affectée et beaucoup vivrons avec une culpabilité, un sentiment d'échec, un manque de confiance ou de sentiment d'impuissance qui continueront à être aggravé par le cercle vicieux du système. 


Répercussions sanitaires 

Aujourd'hui, la probabilité de faire un burn-out est en constante augmentation et, une fois installé, sa guérison est lente et coûteuse (en temps, argent et efforts). De plus, il créé un terrain propice pour de futurs burn-out et épuisements - quelqu'un qui a vécu cette expérience a donc plus de risque de rechuter. C'est un problème sérieux qui ne s'arrangera pas si l'on détourne les yeux. 

Le burn-out, c'est la réponse de l'organisme à un stress permanent. Quand le corps est stressé, il sécrète des hormones pour aider le corps à répondre - comme l'adrénaline et le cortisol, par exemple. Ces réactions chimiques sont nécessaires pour survivre et réagir aux danger - elles vont permettre de mettre de l'énergie pour fuir ou combattre. La problématique arrive lorsqu'elles sont sécrétées en continu, favorisant l’apparition de douleurs, de maladies chroniques, de problèmes de santé psychiques et physiques, etc. Une population stressée sur la durée est une population en mauvaise santé. 

Le saviez-vous ?

Selon le Dr Hans Sélyé ("The stress of life" - 1956), le corps réagit toujours au stress de la même manière, qu'importe le stimuli ! L'organisme ne fait pas la différence entre passer un examen, l'angoisse de prendre le bus ou le fait d'être attaqué par un lion.



Répercussions professionnels/financiers

C'est là, le point le plus absurde de ce système mal fagoté : ce rythme effréné, qui fait souffrir les individus pour le profil, met à mal le rendement lui-même. Les gens en burn-out ne sont pas rentables au système mais le capitalisme réfléchit malheureusement à court terme concernant ses ressources - il va y aller à fond, pour créer le maximum de rendement rapidement, toujours plus.

Le problème, c'est que plus les gens sont stressés, moins ils arrivent à faire face aux exigences et difficultés. Moins ils arrivent à travailler, plus il y aura de pressions pour combler les exigences professionnelles.
Nous nous retrouvons donc avec des gens épuisés à qui l'on demande toujours plus, qui finissent par se concentrer uniquement sur ce qui est nécessaire (baisse de la qualité), tombent malades et se mettent en arrêt (coûts de la santé), remplacés par d'autres personnes qui vont à leur tour se retrouver dans cette situation... 

C'est un cercle vicieux sans fin. Ce système rend les gens malades et les conséquences sont trop graves pour continuer à être banalisées.

"Le burn-out est l'indice de la séparation entre ce que les gens sont et ce qu'ils doivent faire. Il révèle une usure des valeurs, de la dignité, de l'esprit et de la volonté - une érosion de l'âme humaine. C'est une maladie qui se propage graduellement et de façon continue au fil du temps, entraînant les individus dans une spirale descendante dont il est difficile de sortir."

"Burn-out : des solutions pour se préserver et agir", p. 19, 
Christina Maslach et Michael P. Leiter

Solutions 


OK, OK, Maëlle. C'est bien beau tout ça, de cracher sur le système capitaliste. Mais en gros, qu'est-ce qu'on peut faire ?


Et bien, beaucoup de choses ! Premièrement, il faut retenir que la solution la plus efficace reste la prévention et l'élaboration d'un système d’entreprise sain et soutenant pour les individus.  Comme vu plus haut, un burn-out installé met du temps à se soigner. C'est complètement inutile d'essayer de minimiser les burn-out sans en changer la cause, qui est : un système de travail défaillant basé uniquement sur le rendement et les valeurs économiques. C'est comme mettre un sparadrap sur une hémorragie.

Réflexion du petit scarabée
Si vous êtes entrepreneur.se ou responsable d'une entreprise engageant des employé.e.s, posez vous la question. Est-ce que votre société favorisent le bien-être de ceux que vous engagez ? Est-ce qu'il y a déjà des gens en burn-out connu.e.s ? Est-ce qu'il y a eu des sensibilisations, des mesures ? Êtes-vous vous-même en situation d'épuisement ? Recevez-vous de l'aide ?

Plus les gens y seront sensibilisé, plus les entreprises et les mentalités de la société changeront.

Le monde du travail actuel a une vision basée sur le court terme. C'est dommage car les entreprises auraient tout à gagner en prenant la problématique du burn-out au sérieux. Prévenir, c'est mieux que guérir - c'est pour cela que le meilleur moyen de lutter contre le burn-out, c'est de réduire les aspects négatifs au travail ET croître les points positifs. Investir sur les individus pour qu'ils deviennent des salariés heureux, qualifiés, fidèles et dévoués à leur entreprise. 

Solutions individuelles 

En tant qu'individu, vous pouvez faire énormément de choses pour enrayer la problématique du burn-out. 

Sachez déjà que, même si vous avez des difficultés, des soucis relationnels, des problèmes personnels ou autres, vous n'êtes pas responsables d'être tombé.e.s malades. Là où vous pouvez l'être, c'est en prenant soin de vous et en demandant de l'aide pour retrouver votre santé et votre bien-être, que ça soit dans votre sphère professionnelle et privée. 

Chaque personne est différente, c'est pourquoi l'observation et la connaissance de soi sont nécessaires. Il vous faudra trouver ce qui vous convient le mieux pour trouver votre équilibre
Néanmoins, vous pouvez vous inspirer des 4 piliers ci-dessous -  à mes yeux, il s'agit de la base essentielle pour un retour à soi.


1. Le repos

Je le redis : le burn-out, c'est un état d'épuisement qui dure et qui s'installe. La première chose à garder en tête, c'est que votre organisme a besoin de se reposer. Pour certain.e.s, ça prendra la forme de vacances ou de prendre congé. Pour d'autres, d'adopter un rythme de vie plus calme. Et parfois, ça implique une coupure complète avec le milieu stressant de manière temporaire (arrêt médical, pause) ou durable (changement de travail) pour permettre aux batteries de se recharger complètement. 
Mais dans tous les cas, ça demande de changer ses habitudes de vie. 

Le repos signifie aussi alléger sa charge mentale. Déléguer. Revoir et cibler ses priorités. Se planifier des moments de détente, de calme pour méditer, respirer, ne rien faire. La pleine conscience, l'hypnose et le contact avec la nature sont des techniques très efficaces. 

Le mot d'ordre : ra-len-tir. 


2. L'activité physique 

Attention, "repos" ne veut pas dire "inactivité". Vous avez peut-être déjà expérimenté le fameux "moins j'en fais, moins je veux en faire" ? 

Les bienfaits de l'activité physique ne sont plus à prouver. Lorsque le corps est actif, il permet de s'entretenir, de diminuer les risques de certaines pathologies, mais il aide aussi à la régulation d'hormones de bien-être. Bouger, c'est bon pour le corps et le cerveau !

Je ne dis pas qu'il faut vous mettre au marathon demain, attention. Dans un burn-out, l'énergie manque déjà, alors il faudra veiller à y aller en douceur et progressivement. Toute nouvelle habitude a de meilleures chances de tenir sur le long terme si elle s'installe progressivement. Lentement, mais sûrement. 

Sortez dans la nature, aller vous balader. Prenez l'escalier au lieu de l’ascenseur. Fixer vous une petite habitude durant la semaine...
Vous n'êtes pas obligé de vous inscrire à la salle - sauf si ça vous fait plaisir, bien entendu. Parfois, un petit tour du quartier régulièrement est plus efficace qu'une grosse séance de sport chaque mois.


3. La connaissance de soi 

Connaître son individualité, son propre rythme, ses forces et qualités, ses limites et vulnérabilités, ses besoins... 
C'est-la-base.

C'est un véritable cadeau pour soi que de prendre le temps de s'observer et de s'écouter. Cela vous servira tout le long de votre vie. Le fait d'être conscient de Soi et de son environnement va permettre de mieux comprendre son rythme, sa jauge d'énergie, ses sensations et réactions face au stress... Ça permet de prendre du recul pour réajuster ses activités selon son état psychique et physique du moment et, du coup, de voir les signaux d'alarme et de prévenir les rechutes.

Vous avez déjà une semaine harassante et Paul vous a invité à sa fête du samedi ? Peser le pour et le contre. Parfois, il est nécessaire de faire un pas en arrière pour comprendre si l'on agit pour soi... ou pour les autres.


4. Le soutien 

Se faire aider est une partie indispensable du processus. Que ça soit par son entreprise, ses proches, des professionnels de la santé ou une médication. Mais ça peut aussi prendre la forme d'une répartition différente des tâches à la maison, d'une aide pour le quotidien ou pour certains aspects, de déléguer...

Il n'y a rien de honteux à se faire aider. Tout le monde mérite d'être soutenu dans les moments compliqués. Alors pourquoi pas vous ?

L'exemple de Maria (suite)

Pour finir avec ce parallèle, voyons ce qu'est devenue Maria. 

Après qu'une amie lui ai avoué se faire du souci pour elle, Maria décida de lever le pied. Elle parla à son employeur pour essayer d'alléger sa charge de travail et récupérer quelques congés, mais ça n'a malheureusement pas été accepté... 

Cette situation la découragea un peu, mais, soutenue par son entourage, elle décida d'aller voir son médecin. Elle lui expliqua tous les symptômes ainsi que la situation qu'elle vivait. Son thérapeute valida sa souffrance et un arrêt maladie fut posé - cette pause lui permit de souffler, récupérer un peu de son énergie et s'organiser pour son rétablissement. 

Dans un premier temps, Maria dû apprendre à alléger son agenda, à ralentir. Elle pu discuter à cœur ouvert avec sa famille et une nouvelle organisation familiale se mis doucement en place, responsabilisant chaque membre de la famille à ses propres tâches. Elle pu dormir, respirer et prendre soin d'elle. Elle annula certaines choses non-urgentes, ne garda que les choses prioritaires dans un premier temps. Elle accepta l'aide que certains proches lui proposaient, chose qu'elle n'avait pas l'habitude de faire mais qui lui permit de récupérer un peu plus.

Elle dormit beaucoup au début. Même si elle culpabilisait de ne "rien faire", elle remarqua assez rapidement que cela lui faisait du bien. Après quelques temps, elle intégra une petite activité physique à son programme - elle sortait dans le jardin et désherba, petit à petit, son carré potager qu'elle avait laissé à l'abandon depuis des mois. Elle était contente de recommencer cette activité qui lui faisait du bien, et y prit du plaisir. 
Puis, se sentant plus forte, elle décida de recontacter sa meilleure amie qu'elle avait arrêté de voir faute de temps. Elles finirent par se fixer une ballade hebdomadaire en nature afin de passer du temps ensemble.

Les semaines, puis les mois passèrent. Voyant que certains symptômes persistaient, elle demanda de l'aide à un professionnel de la santé mentale afin d'avoir un suivi. Cet espace de parole lui permit de poser ce qu'elle vivait de difficile, que ça soit dans sa famille, dans son travail ou autre. Il lui apprit également à mieux se connaître et poser ses limites, afin de cerner son taux d'énergie et les signaux d'alarme. 

Actuellement, après être retourné chez son employeur, Maria finit par donner sa démission. Elle avait fait des recherches pour trouver un autre travail respectant mieux ses valeurs et son rythme. A la maison, une nouvelle organisation a vu le jour et Maria n'avait plus à gérer autant qu'avant. Les enfants avaient plus de responsabilités et les parents plus de temps pour eux. 

Maria est ressortie de cette expérience plus forte, en agissant différemment et écoutant ses limites.


Tout le monde peut être Maria. Tomber malade, mais aussi s'en relever. 

Prenez soin de vous.



Maëlle Pannatier 23 avril 2024
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